Protection of Conscience Project
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Service, not Servitude

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Statements concerning euthanasia (1994-2017)

Catholic Bishops' Conference of Belgium

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Euthanasie et souffrance psychique – Déclaration des évêques de Belgique
Euthanasia and psychic suffering - Declaration of the Bishops of Belgium
22 Mai, 2017 par Jean-Jacques Durré
22 May, 2017 by Jean-Jacques Durre

Le débat sociétal sur la question de l'euthanasie pour des patients psychiatriques qui ne sont pas en phase terminale est ouvert depuis longtemps. Les Frères de la Charité en Belgique ont récemment publié à ce propos un texte d'orientation, qui a suscité des réactions en sens divers. Mais cela faisait longtemps que ce thème particulièrement sensible faisait l'objet de discussions dans les médias, des revues spécialisées et des rapports.

The societal debate on the issue of euthanasia for psychiatric patients who are not terminally ill has been open for a long time. In this regard, the Brothers of Charity in Belgium recently published a policy paper, which provoked a variety of different reactions. But for a long time this particularly sensitive topic has been the subject of discussions in the media, specialized magazines and reports.

Nous voudrions réaffirmer ici notre profonde estime pour l'expertise et les soins attentifs de tant de personnes qui assurent la prise en charge de patients atteints de maux psychiatriques graves et de longue durée. Nous nous rendons compte combien l'accompagnement des personnes qui se trouvent dans ces situations désespérées peut être difficile et délicat. Pourtant, nous voulons en tant qu'évêques répéter ce que nous avons déjà dit à propos de l'euthanasie. De même, nous ne pouvons pas être d'accord que celle-ci soit pratiquée sur des patients psychiatriques qui ne sont pas en phase terminale. Nous partageons ce point de vue avec des citoyens par-delà les traditionnelles frontières idéologiques. Notre point de vue ne signifie nullement que nous voudrions délaisser la personne en souffrance. Nous sommes conscients que la souffrance psychique peut être immense et qu'une personne peut ainsi se retrouver totalement désespérée et sans aucune perspective. Mais c'est précisément dans cette situation qu'il faut lui rester proche et ne pas l'abandonner. Cela implique de pouvoir lui proposer des soins palliatifs qui soient appropriés aux personnes souffrant de troubles psychiques qui résistent à toute thérapie.

We would like to reaffirm our deep appreciation for the expertise and care of so many people who provide care for patients with severe and long-term psychiatric illnesses. We realize how difficult and delicate the accompaniment of people who are in these desperate situations. Yet, as bishops, we want to repeat what we have already said about euthanasia. Similarly, we cannot agree that it is practised on psychiatric patients who are not terminally ill. We share this point of view with citizens across traditional ideological boundaries. Our point of view does not mean that we would like to leave the person in pain. We are aware that the psychological suffering can be immense and that a person can thus find himself totally desperate and without any perspective. But it is precisely in this situation that we must remain close to him and not abandon him. This implies being able to offer palliative care that is appropriate for people with psychological disorders who resist any therapy.

Il n'y a pas que les chrétiens ou les responsables d'Eglise qui se posent des questions à propos de l'euthanasie. Elles font l'objet d'un débat de société. Il s'agit de questions fondamentales: qu'est-ce qui nous rend humain? qu'est-ce qui constitue une société humaine? qu'est-ce qui sert vraiment le progrès? Il y a de fait une limite et un interdit qui sont d'application depuis si longtemps, depuis les origines du vivre ensemble des hommes. Si nous y touchons, nous portons atteinte aux fondements mêmes de notre civilisation. C'est la raison pour laquelle nous en appelons à une grande retenue et à la poursuite du dialogue sur ces questions.

It is not just Christians or Church leaders who ask questions about euthanasia. These questions are the subject of a debate in society. These are fundamental questions: what makes us human? what constitutes a human society? what is really advancing? There is, in fact, a limit and a prohibition that has been in force for so long, from the origins of the living together of men. If we touch it, we are attacking the very foundations of our civilization. That is why we call for great restraint and dialogue on these issues.

Les évêques de Belgique

The Bishops of Belgium

   

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La dignité de la personne humaine, même démente
The dignity of the human person, even persons with dementia
26 février, 2015
26 February, 2015

Le vieillissement croissant de la population constitue un défi majeur pour notre société. Il va de pair avec une augmentation des cas de démence. La société investit, de longue date et largement, en faveur des personnes âgées, voire très âgées, des personnes souffrant d'un handicap mental profond ou gravement perturbées, des patients comateux et des malades en phase terminale. Nous voudrions avant tout exprimer notre reconnaissance vis-à-vis de tous ceux et celles qui sont engagés dans l'accompagnement de ces personnes fragiles. Ce n'est pas économiquement rentable, mais nous estimons – toutes obédiences confondues – qu'il doit en être ainsi. Cette conviction répond à un choix purement éthique. Mais nous craignons que ce choix soit mis à rude épreuve en raison du « climat d'euthanasie » dans lequel nous baignons depuis 2002 et face au risque d'appliquer légalement l'euthanasie aux personnes démentes. Parce que les personnes concernées sont justement celles qui peuvent le moins faire entendre leur voix, nous jugeons, en tant qu'évêques, que c'est un impérieux devoir pour nous de faire entendre la nôtre en leur faveur.

The increasing aging of the population is a major challenge for our society. It goes hand in hand with an increase in cases of dementia. Society has a long-standing and extensive investment in the care of older and very elderly people with severe or severely disabling mental disorders, comatose patients and terminally ill patients. Above all, we would like to express our gratitude to all those who are involved in the accompaniment of these fragile persons. It is not economically profitable, but we consider - all things considered - that this should be so. This conviction corresponds to a purely ethical choice. But we fear that this choice will be severely strained because of the "climate of euthanasia" in which we have been bathing since 2002 and the risk of legally applying euthanasia to persons with dementia. Because the persons concerned are precisely those who can least make their voices heard, we judge, as bishops, that it is an imperative duty for us to make our voice heard in their favor.

En tout premier lieu, un être humain, même atteint de démence, demeure une personne à part entière jusqu'à sa mort naturelle. La dignité humaine ne peut dépendre de ce qu'on possède ou non certaines capacités. Elle est liée de manière inaliénable au simple fait d'appartenir à l'espèce humaine. Toute personne, même en état de démence, mérite donc le respect et doit recevoir en conséquence les soins appropriés.

In the first place, a human being, even with dementia, remains a full person until his natural death.Human dignity cannot depend on whether one possesses certain abilities or not. It is inalienably linked to the mere fact of belonging to the human species. Everyone, even in a state of dementia, deserves respect and must therefore receive appropriate care.

L'autonomie est très importante dans notre société. Mais nous nous demandons si certaines manières de la mettre en oeuvre ne sont pas marquées par un individualisme excessif. « Moi, et moi seul, décide de ce que je fais de ma vie et les autres n'ont pas à s'en mêler » semble être devenu le slogan du jour. Cela va si loin qu'un acte devrait être considéré comme bon du seul fait qu'il est le fruit d'un choix autonome. Une telle conception de l'autonomie en vient à considérer chacun comme un îlot sans lien avec autrui. Mais les individus ne sont pas des îles. Chaque être humain vit dans un environnement social, culturel, historique et relationnel. C'est pourquoi une autonomie en « relation » ou en « communion » rend beaucoup mieux compte de notre vraie identité et du fonctionnement effectif de notre liberté. De la naissance à la mort, nous dépendons les uns des autres. La tradition chrétienne exprime cela en considérant les êtres humains1 comme des frères et soeurs, reliés au même Père. Mais il n'est pas nécessaire d'être chrétien pour comprendre combien nous avons besoin les uns des autres.

Autonomy is very important in our society. But we wonder whether certain ways of implementing it are not marked by excessive individualism. "Me, and I alone, decides what I do with my life and the others do not have to get involved" seems to have become the slogan of the day. This goes so far that an act should be considered good simply because it is the product of an autonomous choice. Such a conception of autonomy comes to regard each one as an island unconnected with the other. But individuals are not islands. Every human being lives in a social, cultural, historical and relational environment. This is why an autonomy in "relation" or in "communion" makes much better account of our true identity and the effective functioning of our freedom. From birth to death, we depend on each other. The Christian tradition expresses this by considering human beings1 as brothers and sisters, connected to the same Father. But it is not necessary to be a Christian to understand how much we need each other.

En plus du critère de l'autonomie, la notion de qualité de vie joue également un rôle important dans pas mal de décisions. Le problème de ce second critère est la difficulté d'en donner une définition objective, si bien que les éléments subjectifs risquent toujours d'être prépondérants. En ce qui concerne les personnes démentes, le risque est grand que des tiers projettent sur le patient leurs préoccupations et angoisses personnelles. La confrontation avec une personne démente doit d'abord susciter, auprès de tous, la responsabilité éthique d'en prendre soin. L'appel lancé par le prochain qui a besoin de soins renforce le fait que nous sommes ses frères et soeurs en humanité. Je suis le gardien de mon frère, que je le veuille ou non. Même s'il nous est possible d'étouffer cet appel de notre conscience, cela n'enlève rien à notre obligation morale de prendre soin de notre prochain.

In addition to the criterion of autonomy, the notion of quality of life also plays an important role in many decisions. The problem with this second criterion is the difficulty of giving an objective definition, so that the subjective elements always risk being preponderant. With regard to persons with dementia, there is a great risk that third parties may project personal concerns and anxieties onto the patient. The confrontation with a person with dementia must first of all arouse the ethical responsibility to take care of them. The call of the neighbor who needs care reinforces the fact that we are his brothers and sisters in humanity. I am the guardian of my brother, whether I like it or not. Even if we can stifle this call of our conscience, it does not take away from our moral obligation to take care of our neighbor.

Depuis la loi de 2002 sur l'euthanasie, le constat s'impose : la dérive prédite à l'époque est devenue réalité. Les limites de la loi sont systématiquement contournées, voire transgressées. L'éventail des groupes de patients entrant en ligne de compte pour l'euthanasie ne cesse de s'élargir. La souffrance existentielle, comme, par exemple, la fatigue de vivre, est ainsi placée sans hésitation dans le champ d'application de la loi sur l'euthanasie par des personnes ayant autorité dans la société – sans indice de désordre psychologique ou psychiatrique sous-jacent, ce qui d'ailleurs n'est pas de la compétence de la médecine.

Since the 2002 law on euthanasia, an observation is necessary: the drift predicted at the time has become reality. The limits of the law are systematically bypassed or even transgressed. The range of patient groups involved in euthanasia continues to widen. Existential suffering, such as, for example, the fatigue of living, is thus placed without hesitation in the scope of the law on euthanasia by persons having authority in society - without any indication of psychological or psychiatric disorder under- which, moreover, is not within the competence of medicine.

Demande est aussi faite d'un nouvel élargissement de la loi afin de pouvoir procéder à l'euthanasie de personnes démentes, et ce à un moment précédemment indiqué par elles, sur base d'une déclaration de volonté anticipée. On en viendrait ainsi, par exemple, à une déclaration anticipée stipulant que l'euthanasie est demandée dès lors qu'on ne reconnaîtrait plus les membres de sa propre famille. Alors qu'auparavant on argumentait à partir du critère de « souffrance intolérable », on va maintenant un cran plus loin. Lorsqu'on perd sa capacité cognitive, on perdrait aussi son identité individuelle. Selon cette logique, on devrait, dès ce moment, pouvoir mettre un terme à la vie de cette personne.

A further extension of the law is required in order to be able to proceed with the euthanasia of persons with dementia, at a time previously indicated by them, on the basis of a declaration of anticipated will. This would be the case, for example, with an advance declaration stating that euthanasia would be required if the members of his family were no longer recognized. Whereas previously we argued on the criterion of "intolerable suffering", we go now a step further. When one loses one's cognitive capacity one would also lose one's individual identity. According to this logic, one should be able from this moment to put an end to the life of this person.

Nous nous opposons résolument à cette tendance. Une perte d'autonomie n'est pas pour nous synonyme de perte de dignité. Pareil raisonnement – nous y insistons – nous engage de manière encore plus périlleuse sur la pente entamée. Le danger n'est pas illusoire que l'on veuille réserver le concept de personne humaine – et les droits qui y sont afférents – à ceux qui sont capables de reconnaître pour et par eux-mêmes la valeur de leur propre vie. Ceux qui ne le peuvent pas, ou ne le peuvent plus, risquent d'être éliminés ou de se voir privés des soins nécessaires. Notre société doit continuer à prendre en charge ses membres les plus vulnérables en se mobilisant pour la détection et le diagnostic précis de la démence, en assurant un soutien aux soignants bénévoles, des ressources suffisantes pour les soins palliatifs aux malades lors des stades ultimes de la démence et des moyens adéquats pour les maisons de repos et de soins. Malgré les économies à réaliser en divers domaines, la société se doit de continuer à offrir, en fin de vie, des soins de haute qualité.

We strongly oppose this trend. A loss of autonomy is not synonymous with loss of dignity. This reasoning - and we insist on it - engages us in an even more perilous way on the downward slope. The danger is not illusory that we want to reserve the concept of the human person - and the rights related to it - to those who are able to recognize for themselves the value of their own lives. Those who are unable or unable to do so are at risk of being eliminated or denied the necessary care. Our society must continue to take charge of its most vulnerable members by mobilizing for the accurate detection and diagnosis of dementia, providing support to voluntary caregivers, adequate resources for palliative care to patients at the ultimate stages of dementia dementia and adequate means for nursing homes and nursing homes. Despite the savings to be realized in various fields, society must continue to offer, at the end of life, high quality care.

Le niveau moral d'une société se mesure au traitement qu'elle réserve aux plus faibles de ses membres. Beaucoup de personnes fragiles interpréteront un éventuel élargissement de la loi sur l'euthanasie dans ce domaine comme une invitation à ne pas se montrer égoïste au point de devenir un fardeau pour autrui. Le risque n'est-il pas grand que beaucoup comprennent une extension de la loi sur l'euthanasie comme « une invitation à en finir », voire comme un « devoir de mourir » ? Mais, selon notre conception, jamais, dans une société authentiquement humaine, l'autre ne peut devenir une charge inutile. Et quand un frère ou une soeur en humanité réclame une attention et des soins redoublés, cette charge supplémentaire sera portée avec amour. Telle doit être la réponse. Une réponse qui témoigne d'une solidarité inconditionnelle. Ce n'est pas la porte de l'euthanasie qui doit s'ouvrir davantage, mais bien celle de la fraternité et de la solidarité.

The moral level of a society is measured by the way it treats its weakest members. Many frail people will interpret a possible extension of the euthanasia law in this area as an invitation not to be selfish enough to become a burden to others. Is not the risk that many understand an extension of the law on euthanasia as an "invitation to end", or even as a "duty to die"? But, according to our conception, never, in a genuinely human society, can the other become a useless burden. And when a brother or sister in humanity demands attention and redoubled care, this extra burden will be carried with love. That must be the answer. A response that demonstrates unconditional solidarity. It is not the door of euthanasia that should open more, but that of fraternity and solidarity.

Les évêques de Belgique

The Bishops of Belgium

   

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Réaction des évêques de Belgique sur l'approbation de la loi sur l'élargissement de l'euthanasie
Reaction of the Bishops of Belgium on the approval of the law on the expansion of euthanasia
13 février 2014
13 February, 2014

Les évêques de Belgique sont très déçus de l'approbation par la Chambre des représentants de la loi relative à l'élargissement de l'euthanasie pour les mineurs. Ils déplorent l'adoption d'une loi que de nombreux experts considèrent comme inutile et qui comporte de nombreux défauts.

The bishops of Belgium are very disappointed with the approval by the House of Representatives of the law on the extension of euthanasia for minors. They deplore the adoption of a law that many experts consider unnecessary and which has many shortcomings.

Les évêques partagent l'avis de tous ceux qui, dans le débat sur l'euthanasie, se sont prononcés sans ambiguïté contre cette loi en fonction de leur expérience ou de leur expertise.

The bishops share the opinion of all those who, in the debate on euthanasia, have pronounced themselves unambiguously against this law according to their experience or their expertise.

Ils soutiennent totalement les droits de l'enfant, dont le droit à l'amour et au respect est le plus fondamental. Mais le droit de l'enfant à demander sa propre mort est un pas de trop. Il s'agit de la transgression de l'interdit de tuer, qui constitue la base de notre société humaine.

They fully support the rights of the child, whose right to love and respect is the most fundamental. But the right of the child to ask for his own death is one step too many. It is the transgression of the prohibition of killing, which is the basis of our human society.

Les évêques craignent que cette nouvelle loi ouvre grande la porte à une prochaine extension aux personnes handicapées, aux personnes démentes, aux malades mentaux, voire à celles qui sont fatiguées de vivre. Ils insistent pour que tout soit mis en oeuvre pour combattre au maximum la douleur et la souffrance et pour que tous ceux qui – professionnels et volontaires - accompagnent des personnes malades et souffrantes, soient soutenus d'une façon optimale.

The bishops are afraid that this new law will open the door to a future extension to people with disabilities, people with dementia, the mentally ill and even those who are tired of living. They insist that every effort be made to combat pain and suffering to the maximum, and that all those who - professionals and volunteers - accompany sick and suffering people, be supported in an optimal way.

SIPI – Bruxelles

SIPI – Brussels

   

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Communiqué des évêques de Belgique
Communiqué of the Bishops of Belgium
22 janvier 2014
22 January, 2014
L'euthanasie et ses enjeux
Euthanasia and its challenges

Les évêques de Belgique, réunis en Conférence épiscopale à Grimbergen, ont approfondi la problématique de la fin de vie, en présence d'experts en matière médicale, juridique, éthique et pastorale.

The Bishops of Belgium, meeting at the Episcopal Conference in Grimbergen, deeply considered the problem of the end of life, in the presence of experts in medical, legal, ethical and pastoral matters.

Ils se sentent fortement interpelés par la proposition de loi discutée actuellement à la Chambre sur l'élargissement de l'euthanasie aux mineurs, c'est-à-dire aux enfants et aux jeunes. Ils se demandent pourquoi légiférer en une matière aussi délicate, quand on sait qu'aux Pays-Bas une pareille loi existe depuis 2006, mais n'a pratiquement jamais dû être appliquée. Cette question les a poussés à creuser les enjeux sous-jacents à cette initiative et à les partager largement .

They feel strongly concerned by the bill currently being debated in the House on extending euthanasia to minors, that is, children and youth. They wonder why legislating in such a delicate matter, given that in the Netherlands such a law has existed since 2006, but has hardly ever had to be applied. This question has pushed them to study the issues underlying this initiative and to share them widely.

Le premier enjeu est l'interdiction de tuer, qui est à la base de notre société. En ouvrant la porte à l'euthanasie des mineurs, on court le danger de vouloir l'étendre aux handicapés, aux personnes démentes, aux malades mentaux, et même à ceux qui sont fatigués de vivre. On risque ainsi de changer le sens de la vie humaine et d'accorder la valeur d'humanité seulement à ceux qui sont capables de reconnaître la dignité de leur propre vie. On introduit donc le doute sur la valeur de certaines vies humaines.

The first issue is the ban on killing, which is the basis of our society. By opening the door to the euthanasia of minors, there is a danger of trying to extend it to the handicapped, the mentally ill, and even those who are tired of living. There is a risk of changing the meaning of human life and of granting the value of humanity only to those who are capable of recognizing the dignity of their own lives. Doubts are thus raised about the value of certain human lives.

Le second enjeu est le changement de la pratique médicale, lié aux grands progrès de la médecine. Mais quand la médecine arrive au bout de ses possibilités, on passe du tout au rien, et on est tenté de s'orienter tout de suite vers l'euthanasie. On oublie le rôle de la sédation, qui apaise la douleur, et l'importance des soins palliatifs, qui préparent sereinement à la mort. Le médecin et le personnel médical sont ébranlés dans leur pratique et se demandent quel est leur rôle, entre le « trop » de médecine et le « plus rien » de l'euthanasie.

The second issue is the change in medical practice, linked to the great advances in medicine. But when medicine reaches the end of its possibilities, we pass from nothing to nothing, and we are tempted to orient ourselves at once to euthanasia. We forget the role of sedation, which calms pain, and the importance of palliative care, which serenely prepares for death. The doctor and medical staff are shaken in their practice and wonder what their role is between the "too much" medicine and the "nothing" of euthanasia.

Le troisième enjeu nous renvoie à notre propre mort : comment la préparer et ne pas l'ignorer? Avec qui en parler, quelles dispositions prendre, comment être entouré? Comment éviter de faire de la mort un moment tabou? Comment mourir dans la dignité, en respectant la valeur de la vie humaine?

The third point brings us back to our own death: how to prepare it and not ignore it? Who to talk about, what arrangements to take, how to be surrounded? How to avoid making death a taboo moment? How to die in dignity, respecting the value of human life?

Le quatrième enjeu est celui de la souffrance. 70% des Belges se disent favorables à une mort douce. C'est normal. Il faut à tout prix combattre toute forme de douleur et diminuer au maximum la souffrance. Mais quand celle-ci est malgré tout présente, chez le malade, comme chez les proches, ou parmi le personnel médical, comment peut-on l'assumer? Comment être préparés à affronter la souffrance comme une épreuve qu'on peut partager et vivre ensemble? Comment nous soutenir mutuellement pour traverser les moments de souffrance?

The fourth issue is that of suffering. 70% of Belgians say they are in favor of a gentle death. It's normal. It is necessary to combat any form of pain and minimize suffering. But when it is nevertheless present, in the patient, in the family, or among the medical staff, how is it to be taken? How can we be prepared to face suffering as an ordeal that can be shared and lived together? How can we support each other to go through the moments of suffering?

Le cinquième enjeu est celui de la spiritualité. Dans la question de l'euthanasie se joue tout le sens de la vie. Comment l'expérience chrétienne nous aide-t-elle à affronter la mort et la souffrance ? Quand nous fêtons la Pâque de Jésus, le vendredi saint nous fait vivre le drame de la souffrance ; le samedi saint, le mystère de la mort et de l'abandon; le dimanche, la force de la résurrection. Comment le mystère pascal inspire-t-il notre vie et éclaire-t-il toute vie humaine? Comment les institutions chrétiennes peuvent-elles proposer une attitude éthique par rapport à ces défis?

The fifth challenge is spirituality. In the question of euthanasia is played out the whole meaning of life. How does the Christian experience help us face death and suffering? When we celebrate the Passover of Jesus, Good Friday brings us the drama of suffering; Holy Saturday, the mystery of death and abandonment; on Sunday, the strength of the resurrection. How does the paschal mystery inspire our life and enlighten all human life? How can Christian institutions propose an ethical attitude towards these challenges?

En outre, les évêques ont également travaillé la question des évolutions du paysage paroissial dans le pays, avec des experts en pastorale.

In addition, the bishops also worked on the evolution of the parochial landscape in the country, with pastoral experts.

Les évêques de Belgique

The Bishops of Belgium

SIPI – Bruxelles

SIPI- Brussels
   

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Conférence épiscopale de Belgique
Peut-on euthanasier le lien social?
Episcopal Conference of Belgium
Can we euthanize the social bond?
Le 6 mars 2013
6 March, 2013

En entendant évoquer en notre pays l'éventualité d'étendre la dépénalisation de l'euthanasie aux mineurs et aux personnes démentes, nous ne pouvons cacher nos craintes.

Hearing the possibility of extending the decriminalization of euthanasia to minors and persons with dementia in our country, we cannot hide our fears.

La dépénalisation de l'euthanasie

The decriminalization of euthanasia

En 2002, la loi dépénalisait l'euthanasie au cas où le patient demandait que l'on mette fin de cette manière à ses souffrances. Cette loi pouvait apparaître à certains comme raisonnable puisqu'elle entendait lutter contre les euthanasies clandestines. Elle était présentée aussi comme très humaine puisqu'elle était censée assurer la rencontre de la compassion du médecin avec le souci du malade de mourir dans la dignité. Nous avions à l'époque exprimé nos plus vives réserves[1]. Selon nous, tout acte de liberté, et donc aussi le consentement à l'acte qui conduit à la mort, a une grande implication non seulement pour soi, mais aussi pour les autres.

[1.]  "Soins palliatifs, oui; euthanasier, non"
Déclaration des évêques de Belgique

In 2002, the law decriminalized euthanasia in cases in which the patient asked to put an end to his suffering in this way. This law could appear to some as reasonable since it intended to fight against clandestine euthanasia. It was also presented as very humane since it was supposed to ensure the integration of the compassion of the doctor with the concern of the patient to die with dignity. At the time, we expressed our deepest reservations.[1] In our view, every act of freedom, and thus also consent to the act that leads to death, has a great implication not only for oneself but for others.

[1.]  "Palliative care, yes; euthanasia, no"
Declaration of the Bishops of Belgium

Depuis lors, l'expérience a montré qu'il n'est pas si simple de contenir l'acte d'euthanasie dans des limites déterminées. Qui peut apprécier le caractère insupportable de la souffrance ? Anticiper une souffrance encore à venir ou « être fatigué de la vie » : est-ce suffisant pour justifier l'euthanasie ? L'objet de cette lettre n'est cependant pas de détailler toutes les lacunes qui sont apparues dans la mise en application de la loi. Nous voudrions simplement manifester notre opposition à l'extension de la dépénalisation de l'euthanasie.

Since then, experience has shown that it is not so simple to contain the act of euthanasia within certain limits. Who can appreciate the unbearable nature of suffering? Anticipating suffering yet to come or "being tired of life": is this enough to justify euthanasia? The purpose of this letter, however, is not to detail all the shortcomings that have arisen in the implementation of the law. We would simply like to express our opposition to the extension of the decriminalization of euthanasia.

Un consentement bien fragile

A very fragile consent.

L'argument central de la loi de 2002 était le consentement du patient, puisque le geste de mort, sous peine d'être poursuivi pénalement, devait répondre à une demande sérieuse et persistante. Mais que signifie encore la nécessité du consentement dans le projet actuellement débattu, concernant les personnes démentes et les mineurs d'âge? Notre droit civil veut protéger ces êtres plus fragiles et dès lors, vu leur incapacité présumée de consentement, il leur interdit de s'engager sur de nombreux plans (acheter et vendre, se marier etc.). Le droit pénal leur accorde pour les mêmes raisons un statut particulier. Or les voici susceptibles d'être euthanasiés par l'effet d'une déclaration (même lointainement) anticipée pour les personnes démentes, ou d'un accord (assorti ou non du consentement des parents) pour les personnes mineures « douées de discernement ». Le consentement prévu par la loi devient une notion bien fragile et peu consistante.

The main argument of the 2002 law was the consent of the patient, since the act of causing death, under pain of being prosecuted criminally, had to meet a serious and persistent demand. But what is the significance of the need for consent in the presently debated draft concerning persons with dementia and minors? Our civil law wants to protect these more fragile beings and therefore, given their presumed incapacity for consent, they are prohibited from engaging in many different ways (buying and selling, marrying, etc.). The criminal law grants them a special status for the same reasons. However, they are liable to be euthanized by the effect of a declaration (even distantly) anticipated for persons with dementia, or by an agreement (with or without the consent of the parents) for minors "with discernment". The consent provided by the law becomes a very fragile and inconsistent notion.

Le choix crucial : le lien social

The crucial choice: the social bond

Nous sommes convaincus que la société ne trouvera son avenir que dans un surcroît de solidarité entre nous. Nous avons tous éprouvé, d'une façon ou d'une autre, dans la vie sociale ou au travail ou dans nos familles, les méfaits de l'individualisme qui enferme chaque personne dans la solitude d'elle-même. D'où nous vient alors cette idée que, devant la souffrance des êtres qui nous sont proches, nous confirmerions leur solitude en leur donnant l'illusion qu'il ne tient qu'à eux de disparaître de ce monde?

We are convinced that society will find its future only in an increase of solidarity among us. We have all experienced, in one way or another, in social life or at work, or in our families, the misdeeds of the individualism which encloses each person in the solitude of herself. Where does this idea come from that, in view of the suffering of the beings who are close to us, we would confirm their loneliness by giving them the illusion that it is up to them to disappear from this world?

Certes, la souffrance de la douleur physique peut s'avérer redoutable, de même que la pesanteur psychologique d'un handicap ou d'une maladie dégénérative ou encore de l'accumulation des infirmités dues au grand âge. Mais il nous faut bien réfléchir avant de céder à la tentation d'éliminer de telles souffrances par le geste qui donne la mort. Cette tentation est sans doute compréhensible, tant la lassitude est parfois grande chez le malade ou dans son entourage, mais il faut pouvoir reconnaître la pression morale à laquelle conduit cette attitude. Car en faisant dépendre la vie d'une personne de son seul consentement à être euthanasiée, nous nous orientons ainsi dans la direction exactement contraire à la solidarité attendue. Nous nous engageons dans une impasse : celle d'un manque grandissant d'engagement solidaire.

Of course, the suffering of physical pain can be daunting, as is the psychological weight of a disability or a degenerative disease, or the accumulation of infirmities due to old age. But we must think carefully before yielding to the temptation to eliminate such sufferings by an act causing death. This temptation is probably understandable, as the fatigue is sometimes great in the patient or in his entourage, but it is necessary to be able to recognize the moral pressure to which this attitude leads. For by making the life of a person depend on his consent to be euthanized, we orient ourselves in the direction exactly contrary to the expected solidarity. We are now in a deadlock: a growing lack of commitment to solidarity.

Il est vrai que, par dépit de se trouver à charge de ses proches, ou par crainte d'être laissée seule dans le rude combat qu'elle doit mener à l'approche de la mort, une personne malade peut traverser une éprouvante période d'incertitude ou de profond découragement. A cette croisée des chemins, nous serions heureux qu'elle puisse rencontrer des personnes qui lui tiennent la main. Qui lui font comprendre que sa valeur humaine n'est pas anéantie par l'épuisement qu'elle connaît parfois en son corps ou en son esprit. Que sa dignité dépasse infiniment la gêne qu'elle ressent de ne plus être entièrement maîtresse d'ellemême. Ce choix crucial revêt une gravité particulière à l'égard des personnes plus fragiles, tels les mineurs ou les personnes démentes. En tant que corps social, en effet, ne devonsnous pas exercer une vigilance spéciale envers nos membres qui n'ont pas encore, ou qui n'ont plus, les ressources physiques ou mentales nécessaires pour prendre valablement les décisions qui les concernent ? L'euthanasie des personnes fragiles ne contredit-elle pas notre humanité la plus profonde ? Là où devrait se manifester la solidarité la plus étroite, on voudrait instaurer une distance, parfois bien grande.

It is true that in spite of being in the care of her relatives, or for fear of being left alone in the hard struggle she must carry out at the approach of death, a sick person can go through a trying period of uncertainty or deep discouragement. At this crossroads, we would be glad that she could meet people who hold her hand. Who make her understand that her human value is not destroyed by the exhaustion she sometimes knows in her body or in her mind. That her dignity infinitely exceeds the embarrassment she feels at being no longer entirely mistress of herself. This crucial choice is particularly serious for people who are more fragile, such as minors or people with dementia. As a social body, should we not exercise special vigilance towards our members who do not yet have, or do not have, the physical or mental resources to make valid decisions about them? Does not the euthanasia of fragile people contradict our deepest humanity? Where there should be the closest solidarity, one would like to establish a distance, sometimes very great.

A long terme

In the long term

Nous nous interrogeons aussi sur les possibles conséquences à long terme de l'extension débattue. Un écrit demandant l'euthanasie en cas de perte de ses facultés mentales ne risque-t-il pas de devenir si banal qu'un jour, on se demandera si un tel écrit est encore nécessaire? La réalité de la démence, dira-t-on, n'appellera-t-elle pas, de soi, l'euthanasie par 'compassion'? De même, à propos du mineur : sa demande d'euthanasie n'apparaîtra-t-elle pas si 'raisonnable', si normale que l'euthanasie devrait être donnée à quelque mineur que ce soit, y compris le tout petit enfant, dès lors que sa maladie ou son handicap nous est insupportable? Euthanasier, même sous prétexte de consentement, les personnes diminuées dans leurs facultés mentales, c'est presque nécessairement rendre encore plus dure la condition de ces personnes démentes, de leurs proches et de leurs soignants. Est-ce une telle société que nous voulons instaurer à l'avenir?

We also question the possible long-term consequences of the extension discussed. Will a writing asking for euthanasia in case of loss of one's mental faculties run the risk of becoming so commonplace that one day, one wonders if such a writing is still necessary? Will the reality of dementia, it will be said, not call, of itself, for euthanasia out of 'compassion'? Similarly, with respect to the minor: will his request for euthanasia not appear so "reasonable", so normal that euthanasia should be given to any minor, including the very small child, as soon as  his illness or disability becomes unbearable? To euthanize people who are diminished in their mental faculties, even under the pretext of consent, almost necessarily makes the condition of these persons, their relatives and caregivers even harder. Is this the society we want to establish in the future?

Notre appel

Our appeal

Pour notre part, nous préférons appeler le législateur à rompre avec une logique qui d'une certaine façon euthanasie le lien social lui-même. Nous l'invitons à considérer comment les grands malades, mineurs ou déments, pourront être mieux encore pris en charge par la Santé publique, notamment dans le cadre des soins palliatifs. Notre refus de l'euthanasie n'est pas le choix de la souffrance, ni de faire souffrir, ni même de laisser souffrir. Les progrès dans les soins palliatifs ont appris à grandement soulager la souffrance. Ils aident à prévenir de possibles demandes d'euthanasie.

For our part, we prefer to call the legislator to break with a logic that in some way euthanizes the social bond itself. We invite him to consider how the very sick, minors or people with dementia, can be better taken care of by the Public Health, especially in the context of palliative care. Our refusal of euthanasia is not a choice for suffering, nor making someone suffer, nor even allowing suffering. Advances in palliative care have taught us to greatly alleviate suffering. They help to prevent possible euthanasia requests.

Nous remercions et encourageons les médecins et tout le personnel médical qui écoutent le meilleur d'eux-mêmes en choisissant la vie et en accompagnant, avec compétence professionnelle et dévouement, les patients les plus faibles. Leur liberté de conscience ne peut en aucun cas être réduite à néant.

We thank and encourage doctors and all medical personnel who listen to the best of themselves by choosing life and accompanying the weakest patients with professional competence and dedication. Their freedom of conscience shall in no case be reduced to nothing.

Avec d'autres, nous voulons aider les personnes souffrantes et leurs proches à trouver les sources et les forces spirituelles qui leur permettent de vivre cette confrontation à la souffrance. Nous les invitons à garder dans la chaleur affective de leurs liens réciproques cette existence si précieuse, quand bien même elle nous pose souvent de nombreux points d'interrogation et nous met devant la question de son sens.

Together with others we want to help the suffering people and their families to find the spiritual sources and strengths that enable them to experience this confrontation with suffering. We invite them to guard this precious existence with the emotional heat of their reciprocal ties, even though it often presents us with many questions and puts us before the question of its meaning.

En nous exprimant sur un sujet aussi sensible, nous entendons apporter notre contribution propre, tant au fonctionnement de la démocratie qu'à la compréhension de la liberté humaine. Finalement, il s'agit de savoir quel regard les membres de la société portent les uns sur les autres, en particulier sur les plus faibles parmi nous.

By expressing ourselves on such a sensitive subject, we intend to make our own contribution, both to the functioning of democracy and to the understanding of human freedom. Finally, it is a matter of knowing how the views of members of society impact each other, especially on the weakest among us.

Nous tenions ainsi, comme évêques de l'Eglise catholique en Belgique, à partager notre conviction. A ce titre, nous pensons honorer tant notre démocratie que la dignité humaine. Nous voulons rappeler le lien de chair et de sang qui, en reliant tous les êtres humains les uns aux autres, les invite à écarter toute violence, voire toute forme de pression, dans leurs rapports mutuels. Nous pensons que notre démocratie est mieux servie lorsqu'elle reconnaît à quel point le lien social est infiniment plus profond que le fragile consentement à l'euthanasie.

Thus we, as bishops of the Catholic Church in Belgium, shared our conviction. As such, we believe in honoring both our democracy and human dignity. We want to recall the bond of flesh and blood that, by linking all human beings to each other, invites them to dismiss any violence or even any form of pressure in their mutual relations. We believe that our democracy is best served when it recognizes that the social bond is infinitely deeper than the fragile consent to euthanasia.

Les évêques de Belgique

The Bishops of Belgium

   

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Euthanasie: 10 ans après, où est le bien commun?
Euthanasia: 10 years later, where is the common good?
 

30 May, 2012

En mai 2002, une majorité parlementaire a voté une loi relative à l'euthanasie. Dix ans après sa promulgation, un bilan s'impose. Lors des débats parlementaires, les évêques de Belgique avaient déjà exprimé leurs craintes, notamment celle d'une grave menace quant au respect non seulement des personnes les plus vulnérables, mais aussi des soignants[1].

[1.]  "Soins palliatifs, oui; euthanasier, non"
Déclaration des évêques de Belgique

In May 2002, a parliamentary majority passed a law on euthanasia. Ten years after its promulgation, an assessment is necessary. During the parliamentary debates, the bishops of Belgium had already expressed their fears, notably that of a serious threat to the respect not only of the most vulnerable but also of the carers.[1]

[1.]  "Palliative care, yes; euthanasia, no"
Declaration of the Bishops of Belgium

Aujourd'hui, comment ne pas redire tout d'abord la sympathie que chacun de nous éprouve à l'égard des personnes qui souffrent intensément, minées par la maladie et bouleversées par la perspective d'une mort prochaine? Qui pourrait demeurer indifférent à leur désarroi? Chacun peut comprendre que l'envie surgisse parfois de s'endormir pour de bon et d'être ainsi libéré. Reste qu'une demande de mort doit le plus souvent être décryptée comme un appel au secours. Ce cri de détresse ne doit donc pas nécessairement être interprété comme une volonté de mourir à proprement parler. La réponse appropriée est alors de soutenir le désir de vivre en dignité qui se cache derrière la demande de mort. Et lorsque toute thérapie se révèle vaine ou, en tout cas, disproportionnée, des soins palliatifs de qualité doivent alors prendre la relève. Il importe de leur donner les moyens, encore insuffisants aujourd'hui, de se développer afin de permettre de vivre et de mourir dans la dignité et la sérénité. On évitera ainsi de mettre fin délibérément à la vie et de transgresser l'interdit, essentiel à toute société, de faire mourir intentionnellement une personne innocente. Il est, certes, des cas où, d'un point de vue technique, la distinction peut sembler mince entre certaines pratiques palliatives et certaines pratiques d'euthanasie. C'est alors le contexte humain, la nature précise des moyens employés et l'intention qui font toute la différence.

Today, how can we not first of all repeat the sympathy that each of us feels for those who are suffering intensely, undermined by illness and overwhelmed by the prospect of an approaching death? Who could remain indifferent to their disarray? Everyone can understand that the urge sometimes arises to fall asleep for good and thus be freed. Nonetheless, a request for death must most often be decrypted as a call for help. This cry of distress, therefore, must not necessarily be interpreted as a desire to die strictly speaking. The appropriate answer is then to support the desire to live in dignity that lies behind the demand for death. And when any therapy turns out to be vain or, in any case, disproportionate, quality palliative care must then take over. It is important to give them the means, still insufficient today, to develop in order to live and die in dignity and serenity. This will avoid the deliberate termination of life and the violation of the prohibition of the intentional death of an innocent person. There are, of course, cases where, from a technical point of view, there may seem to be a thin distinction between certain palliative practices and certain practices of euthanasia. It is then the human context, the precise nature of the means employed and the intention that make all the difference.

À cet égard, comment ne pas rendre hommage au dévouement admirable et compétent des membres du personnel soignant qui, refusant tout acharnement thérapeutique, luttent contre la douleur, soulagent la souffrance et à, avec beaucoup de coeur, accompagnent jusqu'au bout les malades et leurs proches? Que de témoignages de familles attestant la grande densité humaine de ces derniers jours passés auprès de leurs proches dans un contexte de grande humanité! Je salue aussi le courage des soignants qui, malgré d'éventuelles pressions, exercent leur droit à l'objection de conscience et refusent de pratiquer l'euthanasie ou d'y participer.

In this respect, how can we fail to pay tribute to the admirable and competent dedication of the medical staff who, refusing any relentless therapeutic efforts, struggle against pain, relieve suffering and, with much heart, accompany the sick and their relatives? What testimonies of families attesting to the great human intensity of these last days spent with their relatives in a context of great humanity! I also salute the courage of caregivers who, despite possible pressures, exercise their right to conscientious objection and refuse to practice or participate in euthanasia.

On a souvent argumenté en faveur de la dépénalisation de l'euthanasie en invoquant la liberté individuelle de disposer de sa vie et donc aussi de sa mort. Mais, 10 ans après, on perçoit mieux que l'euthanasie n'est jamais une décision concernant seulement la liberté de ceux qui la demandent. Sa dépénalisation a modifié pour de nombreux professionnels de la santé des aspects essentiels de leur profession. Elle a parfois ébranlé la confiance entre les membres d'une même famille ou à l'égard du corps médical. Elle a conduit subrepticement des personnes fragiles à penser qu'elles feraient bien de demander l'euthanasie.

Decriminalization of euthanasiahas often been supported by invoking the individual freedom to dispose of his life and therefore also to arrange his death. But 10 years later, it is better to see that euthanasia is never a decision concerning only the freedom of those who ask for it. Its decriminalization has changed the essential aspects of their profession for many health professionals. It has sometimes undermined trust between members of the same family or with regard to the medical profession. It surreptitiously led fragile people to think that they would do well to ask for euthanasia.

De plus les craintes exprimées il y a 10 ans sont aujourd'hui réalité. À l'époque, plusieurs précautions avaient été prévues par le législateur afin de circonscrire strictement le champ d'application de la loi. Mais une fois la porte entrouverte, l'entrebâillement s'élargit inévitablement. Aujourd'hui, la Commission fédérale de contrôle est quasiment obligée de fermer les yeux sur des pratiques non conformes à la loi et avoue d'ailleurs explicitement son impuissance à contrôler efficacement son application2.

Moreover, the fears expressed 10 years ago are now reality. At the time, several precautions had been provided by the legislature to narrowly define the scope of the Act. But once the door is opened, widening the opening becomes inevitable. Today, the Federal Supervisory Commission is almost obliged to close its eyes to practices that are not in conformity with the law and explicitly acknowledges its inability to effectively control its application2.

Dans ces conditions, est-il raisonnable d'envisager un nouvel élargissement du champ d'application de la loi, sachant que des pratiques incontrôlables vont ensuite forcer le législateur à envisager de nouvelles extensions ? Il est des domaines où le bien commun exige que des « oui » ou des « non » très clairs soient prononcés. Et l'histoire montre que nous sommes capables de le faire. Dans le domaine de l'accompagnement de la souffrance et de la mort, le « oui » résolu à une présence compétente et aimante auprès des malades et des mourants est le véritable avenir de nos sociétés. Et le développement toujours perfectible des soins palliatifs nous en donne la possibilité. Renoncer à l'euthanasie peut sembler à certains une diminution de leur liberté individuelle. Et ce l'est en un sens. Mais il s'agit, à plus long terme, d'une contribution majeure au bien commun de tous.

In these circumstances, is it reasonable to envisage a further extension of the scope of the law, knowing that uncontrollable practices will then force the legislator to consider further extensions? There are areas where the common good requires very clear "yes" or "no" statements. And history shows that we are capable of doing so. In the field of accompanying suffering and death, the "yes" resolved to a competent and loving presence among the sick and the dying is the true future of our societies. And the ever-evolving development of palliative care gives us the possibility. Renouncing euthanasia may seem to some a decrease in their individual freedom. And this is so in a sense. But in the longer term, this is a major contribution to the common good of all.

+ A.-J. Léonard, Archevêque de Malines-Bruxelles.

+ A.-J. Léonard, Archbishop of Malines-Brussels

   

Original Text

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Soins palliatifs, oui; euthanasier, non
Déclaration des évêques de Belgique
Palliative care, yes; euthanasia, no
Declaration of the Bishops of Belgium
16 mai 2002
16 May, 2002

La chambre des représentants vient de voter la proposition de loi qui légalise l'euthanasie. La Belgique est devenue dès lors un des rares pays au monde où il est permis légalement de tuer délibérément un être humain. Nulle part ailleurs on ne permet de procurer la mort volontairement et impunément « dans toute situation de souffrance ou de détresse, constante et insupportable, qui ne peut être apaisée, et qui résulte d'une affection grave et incurable ». L'euthanasie sera donc admise pour des malades qui pourraient encore vivre des années, ou pour des personnes dépressives depuis longtemps, ou même pour des handicapés physiques.

The House of Representatives has just passed the bill that legalizes euthanasia. Belgium has since become one of the few countries in the world where it is legally permitted to deliberately kill a human being. Nowhere else is it possible to procure death, voluntarily and with impunity, "in any situation of suffering or distress, constant and unbearable, which can not be appeased, and which results from a grave and incurable affection." Euthanasia will therefore be admitted for patients who may still live for years, or for persons who have been depressed for a long time, or even for physically handicapped persons.

Nous répétons une fois encore avec force que tout ceci est, pour nous, en opposition directe avec ce qui fait le coeur d'une vie en société basée sur la dignité humaine et sur une longue histoire de la civilisation, à savoir le respect fondamental de la vie hu-maine, et d'abord celle des personnes les plus vulnérables.

We repeat once again forcefully that all this is in direct opposition to what constitutes the heart of a life in society based on human dignity and a long history of civilization, namely the fundamental respect for human life, and first and foremost that of the most vulnerable.

L'enjeu de la loi sur l'euthanasie qui vient d'être votée est que la valeur et la dignité d'un être humain ne sont plus liées au fait de son existence, mais à ce qu'on appelle sa "qualité de vie". Cela signifie donc que l'état belge est d'accord avec le fait que telle vie humaine a moins de valeur que d'autres ; et en outre, que le contenu de cette qualité de vie sera laissé à l'appréciation subjective du malade lui-même ou d'autres personnes.

The issue of the law on euthanasia which has just been voted on is that the value and dignity of a human being are no longer linked to the fact of his existence but to what is called his "quality of life." This means that the Belgian state is in agreement with the fact that some human life is less valuable than others; and further that the content of that quality of life will be left to the subjective judgment of the patient himself or others.

"La loi n'oblige personne à pratiquer l'euthanasie", nous objecte-t-on. Non, évidemment. Mais nous craignons que le malade ne subisse dans certains cas une lourde pression des membres de sa famille ou du personnel soignant afin qu'il soit euthana-sié. Le médecin pourra-t-il s'opposer et dire non si les personnes concernées deman-dent l'euthanasie ? Ou bien risquera-t-il, en pratiquant l'euthanasie, d'aliéner le sens de sa profession ? Et laissera-t-on en paix les hôpitaux qui refusent qu'on pratique l'euthanasie chez eux ? On entend déjà que l'euthanasie pourra être exigée par les patients, quelles que soient les convictions philosophiques de l'établissement où il est soigné.

"The law does not oblige anyone to practice euthanasia," we object. No, of course. But we fear that the patient may be under severe pressure from family members or caregivers to be euthanized. Will the doctor be able to oppose and say no if the persons concerned ask for euthanasia? Or will he, by practising euthanasia, risk alienating the meaning of his profession? And will we leave the hospitals in peace, who refuse euthanasia in their facilities? It is already understood that euthanasia may be required by patients, whatever the philosophical convictions of the institution where they are treated.

On reproche régulièrement à l'église catholique, dans les débats autour de l'euthanasie, de vouloir laisser souffrir les gens inutilement et sans raison. C'est évidemment faux et cela nous blesse profondément. Depuis des siècles, les chrétiens ont beaucoup travaillé pour adoucir la souffrance des gens. L'Eglise s'est aussi exprimée plusieurs fois sans équivoque contre une prolongation inutile de la vie, c'est-à-dire contre l'acharnement thérapeutique. Car il est certain qu'il faut éviter de faire souffrir les autres, il faut réduire au maximum leurs souffrances. La question est de savoir si l'on peut ob-tenir cela en tuant quelqu'un! Toute la tradition éthique de l'humanité a toujours ré-pondu non à cette question. Y répondre maintenant oui revient à ouvrir une brèche dans cette tradition: on suscite une contradiction interne dans l'histoire de la civilisation. En effet jamais on n'a accordé autant d'attention à la protection de toute vie hu-maine ou de la nature; jamais on n'a tant investi pour maintenir en vie les gens et la nature. On a tellement progressé dans le traitement des personnes souffrantes — en particulier dans les soins palliatifs — , que bientôt presque plus personne ne devra vivre ou mourir avec un mal insupportable. Certaines thérapies anti-douleur peuvent certes accélérer la mort. Mais la grosse différence par rapport à l'euthanasie est dans le but, l'esprit et la mentalité qui président au traitement : dans le combat contre la douleur, on veut supprimer la douleur de quelqu'un qui va mourir ; en euthanasiant, on met volontairement fin à la vie. Soigner revient à tuer!

The Catholic church is regularly reproached in the debates around euthanasia for wanting people to suffer unnecessarily and without reason. This is obviously false and it hurts us deeply. For centuries, Christians have worked hard to soften the suffering of people. The Church has also expressed itself unequivocally several times against an unnecessary prolongation of life, that is, against therapeutic relentlessness. For it is certain that we must avoid making others suffer, we must minimize their sufferings. The question is whether we can get that by killing someone! The whole ethical tradition of humanity has always replied no to this question. To say yes to it now is a breach in this tradition: there is an internal contradiction in the history of civilization. In fact, so much attention has never been paid to the protection of all human life or of nature; never have we invested so much to keep people and nature alive. We have made so much progress in the treatment of sufferers - especially in palliative care - that soon almost nobody will have to live or die with unbearable harm. Certain pain-relieving therapies can accelerate death. But the big difference with euthanasia is the purpose, the mind and the mentality that govern the treatment: in the fight against pain, we want to suppress the pain of someone who is going to die; by euthanizing, voluntarily put an end to life. To cure is to kill!

Nous attendons beaucoup du développement futur et de la mise en oeuvre des soins palliatifs. Nous avons ici l'occasion de faire en sorte que nos êtres chers nous quittent d'une manière humaine et physiquement supportable, au lieu de devoir les tuer ou les faire tuer parce qu'ils n'en peuvent plus. Il faudra dans les années futures dégager davantage de moyens qu'on ne le fait aujourd'hui en faveur de la recherche et du traitement en matière de lutte contre la douleur.

We look forward to the further development and implementation of palliative care. Here we have the opportunity to ensure that our loved ones leave us in a humane and physically tolerable manner, instead of having to kill them or cause them to be killed because they cannot. In future years, more resources will be needed than is currently the case for research and treatment in the field of pain control.

Le vote de la proposition de loi n'est pas un point d'arrivée. Il ne nous dispense pas du droit et du devoir de promouvoir un principe de base de notre éthique : « Tu ne tueras pas. » Nous appelons tous les chrétiens à vivre et agir dans le monde sur base du respect de toute vie. Nous sommes persuadés que beaucoup de non-chrétiens parta-gent cette conviction avec nous. Les nombreux échos entendus en Commission séna-toriale nous le confirment sans équivoque. Une attitude idéologique a malheureuse-ment étouffé ces voix. Mais l'éthique est ancrée dans la vérité qui habite le coeur de l'homme, pas dans d'autres motifs, quels qu'ils soient. Les chrétiens, en collaboration avec beaucoup d'autres, ont ici un rôle prophétique à jouer, avec humilité, mais avec décision, malgré les choix politiques du moment.

The passage of the bill is not a point of arrival. It does not relieve us of the right and duty to promote a basic principle of our ethics: "Thou shalt not kill." We call on all Christians to live and act in the world on the basis of respect for all life. We are convinced that many non-Christians share this belief with us. The numerous echoes heard in the Senate Committee confirm this unequivocally. An ideological attitude has unfortunately stifled these voices. But ethics is anchored in the truth that dwells in the heart of man, not in other motives, whatever they may be. Christians, in collaboration with many others, have here a prophetic role to play, with humility, but with decision, despite the political choices of the moment.

Les évêques de Belgique

The Bishops of Belgium

   

Original Text

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Communiqué de press des Evêques de Belgique sur l'euthansie
Press release from the Bishops of Belgium on euthanasia
9 décember, 1999
9 December, 1999

Les chrétiens sont profondément convaincus de la valuer unique de chacque personne et de la dignité de chaque etre humain. Durant les mois et les années passées, nous, évêques de Belgique, avons pris position à plusiers reprises et ouvertement concernant certaines questions en lien avec ce problème.

Christians are deeply convinced of the unique value of each person and the dignity of every human being. During the past months and years, we, the Bishops of Belgium, have taken positions on several occasions and openly on certain issues related to this problem.

Ainsi nous nous sommes opposé s à l'avortement et nous avons exprimé notre avis au sujet des etrangers, des refugiés et des demandeurs d'asile. En 1994, nous avons publié le texte L'accompagnement des malades à l'approche de la mort. Dans cette lettre nous avons plaidé pour qu'on se soucie davantag de l'accompagnement de la personne en fin de vie. C'est ainsi qu'apres avoir exprimé notre appui aux soins palliatifs, nous avons abordé les questions relatives à l'euthanasie.

Thus we opposed abortion and we expressed our opinion about foreigners, refugees and asylum seekers. In 1994, we published the text Accompaniment of the sick in the approach of death. In this letter we pleaded that we care about the accompaniment of the person at the end of life. Thus, after expressing our support for palliative care, we discussed issues relating to euthanasia.

Nous répétons aujourd'hui que l'on doit être proche, par tous les moyens, des personnes gravement malades. Quand le malade ne peut plus esperer la guerison et que la lutte avec la mort est entamée, l'accompagnement, l'amitié, les soins et les remèdes contre la douleur deviennent très importants. Dans ce contexte nous demandons une attention particuliere pur l'ensemble de l'accompagnement thérapeutique des personnes âgées. Jamais on ne peut détourner cette aide jusqu'à rompre la relation avec le mourant en mettant fin à ses jours, d'autant plus que l'approche progressive de la mort est souvent l'occasion d'un approfondissement des liens avec l'entourage. Et si le malade lui-même demande la mort, cela ne nous semble pas être une justification suffisante. Personne n'a la pleine disposition de soi-même au point de pouvoir prendre la décision d'abréger ses jours et de détourner au service de son désir de mort l'art de guérir.

We reiterate today that we must be close, by all means, seriously ill people. When the patient can no longer hope for healing and the struggle with death is under way, accompaniment, friendship, care and remedies for pain become very important. In this context, we call for special attention for the entire therapeutic accompaniment of the elderly. Never can this aid be diverted until it breaks the relationship with the dying by ending his life, especially since the progressive approach of death is often the occasion for a deepening of ties with the entourage . And if the patient himself asks for death, this does not seem to be a sufficient justification. No one has the full disposition of himself to the point of being able to make the decision to shorten his days and to divert the art of healing to the service of his desire for death.

Aussi sommes-nous préoccupés par les projets de modifications législatives qui approuveraient l'euthanasie. Ce souci grandit a la pensée qu'une première facilité donnée à l'euthanasie permettra peut-être un élargissement de la loi à d'autres malades qui ne sont pas dans une situation irréversible due point de vue médical et qui choisiront de mourir. Nous penons aussi aux malades pour lesquels des tiers décideront d'avoir recours à l'euthansie. Nous appelons chacun à ne s'engager dans aucune de des voies. En légiférant en faveur de l'euthanasie, les responsables du bien-vivre des citoyens fragiliseraient les malades, leurs familles ainsi que le personnel soignant dans la lutte contre la douleur et finalement dans leur espérance.

We are therefore concerned about the draft legislative amendments that would approve of euthanasia. This concern increases the belief that a first facility for euthanasia may allow an extension of the law to other patients who are not in an irreversible medical situation and who choose to die. We also think of patients for whom third parties will decide to resort to euthanasia. We urge everyone not to follow any of these paths. By legislating in favor of euthanasia, those responsible for the well-being of citizens would weaken the sick, their families and the nursing staff in the fight against the pain and ultimately in their hope.

L'Eglise mue par la certitude que la vérité morale ne peut pas rester sans écho dans l'intime des consciences, encourage les hommes politiques, à commencer par ceux qui sont chretiens, à ne pas se résigner et à faire les choix qui, compte tenu des possibilités concretes, conduisent à rétablir un order juste dans l'affirmation et la promotion de la valeur de la vie (Jean-Paul II, Evangelium vitae, 90). Si on légifère en la matière, nous serons reconnaissants à ceux qui veilleront à ce a la loi en la matière se rapproche le plus possible de la norm fondatrice "tu ne tueras pas." Néanmoins, nous attirons l'attention sur le fait qu'une réglementation légale ne remplace jamais la norme éthique.

The Church, certain that moral truth cannot fail to make its presence deeply felt in every conscience, the Church encourages political leaders, starting with those who are Christians, not to give in, but to make those choices which, taking into account what is realistically attainable, will lead to the re-establishment of a just order in the defense and promotion of the value of life.(John Paul II, Evangelium vitae, 90). If we legislate in this matter, we will be grateful to those who will ensure that the law in this matter is as close as possible to the founding norm "you will not kill." Nevertheless, we draw attention to the fact that legal regulation never replaces the ethical norm.

Les évêques de Belgique

The Bishops of Belgium

   

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Declarations des Evêques de Belgique
Declarations of the Bishops of Belgium
Nouvelle serié - No. 21
New Series - No. 21
L'accompagnement des malades à l'approche de la mort
The Accompaniment of the Sick in the Approach of Death
fébvrier 1994
February, 1994

(p. 3) Dans leur existence, tous les humains se heurtent au mystère de la souffrance et de la mort. Nous savons que nous mourrons, et pourtant l'ardent désir nous habite d'un bonheur durable et d'une vie sans fin . . .

(p. 3) In their existence, all humans come up against the mystery of suffering and death. We know that we shall die, and yet the ardent desire subsists for a lasting happiness and a life without end. . .

Notre lettre concerne l'ensemble de cette problématique. . .

Our letter concerns the whole of this problem. . .

. . . De tout temps, l'Elgise s'est efforcée de contribuer à soigner et a guérir les malades, mais aussi à rendre leur mort la plus humaine possible. Elle a construit des hôpitaux. Elle a encouragé des congrégations religieuses et des institutions caritatives à soigner les malades. Dans notre pays, Caritas Catholica réunit de nombreuses initiatives visant a assister les malades avec compétence et dans un esprit de charité. Caritas collabore entre autres à l'extension des soins dits palliatifs, à domicile et dans les hôpitaux. Le grand souci de l'Eglise reste aujourd'hui encore de procurer au malade tous les soins dont il a besoin. . .

. . .The Church has always striven to help cure and heal the sick, but also to make their death as human as possible. She built hospitals. She encouraged religious congregations and charitable institutions to care for the sick.  In our country, Caritas Catholica brings together many initiatives aimed at assisting the sick with competence and in a spirit of charity. Caritas is collaborating with others on the extension of so-called palliative care, at home and in hospitals. The great concern of the Church remains still today to procure for the patient all the care he needs. . .

1. Le mystere de la mort

1.  The mystery of death

(p.4) Une notion juste de l'accompagnement des mourants suppose qu'on redècouvre la signification profonde de la mort . . .

(p. 4) A correct notion of the accompaniment of the dying supposes that one rediscovers the deep meaning of death. . .

2.  Les soins médicaux appropriés

2. Appropriate medical care

(p. 4-5) Chacun a le droit et le devoir de se fair soigner convenablement quand il est malade. En accord avec son patient ou avec ceux qui doivent décider en son nom, le médecin détermine les soins qui sont nécessaires . . .Il importe ici de faire une distinction capitale entre l'archarnement therapeutic, et la légitime ténacite des médecins dans leur combat contre la maladie et la mort. . .

(p. 4-5)  Everyone has the right and the duty to be properly cared for when he is sick. In agreement with his patient or with those who must decide on his behalf, the doctor determines the care that is necessary. . . It is important here to make a fundamental distinction between therapeutic relentlessness and the legitimate tenacity of doctors in their fight against disease and death. . .

3. Le soulagement de la doleur

3.  Pain relief

(p. 5) Nous savons que l'approche du moment de la mort va souvent de pair avec des douleurs violentes et tenaces. Quand ces doleurs persistent, elles provoquent aussi d'intenses souffrances psychiques. Aux unes aux autres, il peut être rémedié par l'administration de "calmants" appropriés. . .

(p. 5) We know that the approach of the moment of death often goes hand in hand with violent and stubborn pain. When this pain  persists, it also causes intense psychic suffering. Relating one to the other, this can be remedied by the administration of appropriate "calmants". . .

. . . Il au reste très encouragement de constater que la pratique des soins palliatifs s'étend, tant dans les hôpitaux qu'à domicile . . . Ainsi le malade qui reste conscient peut arriver à accepter son état. Nous sommes d'ailleurs d'avis que la mise du patient en état comateux n'est legitme que dans des cas d'extrême souffrance. La conscience est chose trop précieuse pour être éliminée quand approche la mort.

. . . It is also very encouraging to note that the practice of palliative care extends, both in hospitals and at home. . . Thus the patient who remains conscious can manage to accept his condition. We are of the opinion that putting the patient in a comatose condition is legitimate only in cases of extreme suffering. Consciousness is too precious to be eliminated when death approaches.

4. L'accompagnement affectif

4.  Affective accompaniment

(p.6) Ce n'est pas seulement le corps qui souffre à l'approche de la mort. Souffrent également le coeur, l'esprit, l'âme. Et ce ne sont pas seulement les médecins et leurs assistants qui ont mission d'alléger la souffrance. . .

(p. 6)  It is not only the body that suffers at the approach of death. The heart, mind, soul also suffer. And it is not only doctors and their assistants who have the task of alleviating suffering. . .

5. L'annonce de la mort prochaine

5. Advising when death is near

(p. 6) C'est une tâche difficile pour les médecins et pour la famille que de mettre le malade au courant de la gravité de son état. . .

(p. 6)  It is a difficult task for doctors and for the family to make the patient aware of the seriousness of his condition. . .

6.  Mettre fin aux jours d'une personne gravement malade?

6.  Ending the days of a gravely ill person?

(p. 6-7) Les soins aux personnes gravement atteintes et aux patients en phase terminale confrontent ceux qui les soignent et leure familles à de serieux problèmes: douleurs insupportables qu'il faut soulager, traitements qui ne donnent pas les resultats attendus, désir de mourir exprimé par les patients. A notre époque, bien des voix s'élèvent en faveur de l'intervention active en certains cas dans le but de mettre fin à la vie du malade. Pareille intervention porte le nom d'euthansie.

(p. 6-7)  Care for severely ill patients and terminally ill patients confront those who care for them and their families with serious problems: unbearable pain that must be relieved, treatments that do not produce the expected results, patients' desire to die. In our time, there are many voices in favor of active intervention in certain cases with the aim of putting an end to the patient's life. Such a procedure is called euthansia.

(p. 7)  Certains de ses partisans la réclament surtout au nom de la compassion, de la pitié vis-à-vis de malades sans espoir de guérison, en proie à leurs yeux à d'inutiles souffrances; l'argument est de grand poids auprès de l'opinion publique. Ils estiment qu'il faut faire droit au souhait exprimé par le malade qui souffre atrocement et qui demande expressément qu'il soit mis fin à ses souffrances et à sa vie. Ils pensent aussi que d'autres peuvent décider en ce sens quand l'intéressé n'est plus en état de le fair lui-même.

(p. 7)  Some of its supporters demand it especially in the name of compassion, pity for patients without hope of cure, victims in their eyes of useless suffering; the argument is of great weight with the public opinion. They feel that the wish expressed by the patient who is suffering atrociously and who expressly asks that his suffering and his life should be put to an end must be accepted. They also think that others may decide this when the person concerned is no longer able to do it himself.

D'autres basent leur défense de l'euthansie sur la liberté de la personne humaine. L'être humain est autonome et doit, par conséquent, pouvoir disposer de soi. C'est son droit. La société doit respecter le droit personnel de mourir et le confirmer par des dispositions légales. On propose que chacun puisse rédiger un document à ce sujet, une sorte de testament de vie, dans lequel il ferait connaître sa volonté qu'il soit mis fin à ses jours en cas de declin irréversible.

Others base their defense of euthanasia on the freedom of the human person. The human being is autonomous and must therefore be able to dispose of himself. That is his right. Society must respect the personal right to die and confirm it by legal provisions. It is proposed that everyone be able to write a document on this subject, a kind of living will, in which he would make known his will to put an end to his days in case of irreversible decline.

Il est donc fait référence à divers arguments: depuis la mort administrée par compassion jusqu'à la revendication d'un droit individuel à la mort. Dans l'argumentation qui suit, nous nous intéressons d'abord à l'euthanasie requise par des tiers, ensuite à celle demandée par le malade lui-meme.

This involves various arguments: from death administered by reason of compassion to the claim of an individual right to death. In the discussion that follows, we focus first on the euthanasia required by third parties, then on that requested by the patient himself.

7.  Continuer à respecter la vie

7.  Continue to respect life

(p. 7-8) Procéder à l'euthanasie signifie toujours mettre à mort de façon consciente un être humain. C' est porquoi l'act en question doit être confronté à la norme séculaire "Tu ne tueras pas." Il nous paraît utile et nécessaire d'eclairer cette norme. Elle est l'expression d'une conviction mûrement réfléchie de la conscience humaine. . .

(p. 7-8) Proceeding to euthanasia means always consciously killing a human being. This is why the act in question must be confronted with the secular norm, "You will not kill." It seems to us useful and necessary to clarify this standard. It is the expression of a well-thought-out conviction of the human conscience. . .

L'homme n'a-t-il pas le devoir de respecter la vie de tout autre humain? L'euthanasie va à le'encontre de ce devoir. Les hommes sont appelés à vivre les uns avec les autres et à se preter assistance mutuelle. Aussi n'est-il pas bon que soit accordé à certains d'entre eux le droit de décider de la vie et de la mort de leur prochain innocent. N'est-il pas étonnant que le droit à la mort soit revendiqué précisement à une époque ou l'on semble si soucieux du droit de chacun à la vie? De plus et plus, nous insistons sur le devoir d'assistance aux personnes en danger. A nos yeux, l'euthansie ne constitue pas un progrès de la civilisation, mais un recul.

Does not man have the duty to respect the life of every other human? Euthanasia goes against this duty. Men are called to live with each other and to assist one another. It is therefore not right that some of them should be given the right to decide the life and death of their innocent neighbor. Is it not astonishing that the right to death is claimed precisely at a time when one seems so concerned with the right of everyone to life? More and more, we insist on the duty of assistance to people in danger. In our eyes, euthanasia is not an advance of civilization, but a retreat

(p. 8)  L'humanité accede à un niveau éthique supérieur à mesure qu'elle respecte absolument le droit de chacun à la vie, depuis l'apparition de celle-ci jusqu'à la mort naturelle. Nous vivons heureusement à une époque qui attache une grande importance au respect de la vie humaine ainsi qu'à la qualité des relations entre nous. L'euthanasie n'est elle pas une capitulation sur ces deux plans? A un moment crucial de la vie d'un être humain, on coupe défnitivement le fil. N'est-ce pas plutôt notre devoir de rester proches de la personne en détresse? L'ordonnance médicale qui conduit à l'euthanasie et l'acte qui l'exécute parainent à certains tellement ordinaires, tellement banals. C'est pourquoi ils ne s'apercoivent pur ainsi dire pas que la norme "Tu ne tueras pas" est transgressée. Celui qui, en la matière, veut sauvegarder la conscience éthique, doit bien réaliser la situation.

(p. 8) Mankind reaches a higher ethical level inasmuch as it absolutely respects everyone's right to life, from the emergence of life to natural death. We live happily at a time that attaches great importance to respect for human life as well as to the quality of relations between us. Is not euthanasia a capitulation on these two levels? At a crucial moment in the life of a human being, the thread is definitively cut. Is it not rather our duty to remain close to the person in distress? The medical prescription for euthanasia and the act that perform it appears to some so ordinary, so mundane. This is why they do not realize clearly that not the norm "You will not kill" is transgressed. Anyone who wants to safeguard the ethical conscience in this matter must realize the situation.

De plus, nous voulons souligner le fait que permettre l'euthanasie signifierait une modification profonde — négative d'ailleurs — de la vocation du médecin et de la médecine. La mission des médecins est de soigner et de guérir les malades, de favoriser la vie, non d'y mettre un terme. Permettre l'euthanasie mettrait aussi en grand péril la relation de confiance entre le patient, ou sa famille et ceux qui le soignent.

In addition, we want to emphasize that allowing euthanasia would mean a profound change - a negative change - of the vocation of the doctor and the profession of medicine. The mission of doctors is to heal and cure the sick, to promote life, not to put an end to it. Allowing euthanasia would also jeopardize the relationship of trust between the patient, or his or her family and caregivers.

Nous contestons donc le droit de mettre fin aux jours de malades en stade terminal. D'ailleurs, nous avons toutes les raisons de redouter l'extension de la pratique à d'autres categories de personnes. L'histoire nous apprend qu'il y a lieu de rester vigilants.

We are therefore challenging the right to end the days of terminally ill patients. Moreover, we have every reason to fear the extension of the practice to other categories of people. History tells us that we must remain vigilant.

(p. 9) Faut-il des lors abandonner à leur souffrance les personnes gravement éprouvées dans leur corps et dans leur âme? Il va soi que non. Le plus souvent une thérapie calmante accompagnée d'une délicate prise en charge affective donnera de résultats positifs. Parfois, il est vrai, la douleur peut être si intense, la vie si intolérable que la famille en arrive à penser que seule la mort peut apporter une solution. Cette réaction n'à rien d'étonnant, car la pitié est un sentiment réel et puisant qui nous rend vulnérables à la souffrance d'autrui. Mais réfléchissons-y à deux fois. Ce sentiment n'est-il pas aussi, sinon d'abord, une expression de la pitié envers soi-même? Nous sommes persuadés que la compassion la plus authentique accepte le malade tel qu'il est, même en plein déclin. Car, même à ce moment, le malade garde toute sa valeur d'être humain. C'est d'ailleurs pourquoi nous continuons à l'aimer et à lui offrir notre soutien, et cela jusqu'aux ultimes heures d'angoisse.

(p. 9) Do we then have to give up to their suffering those who are seriously tried in their bodies and souls? It goes without saying - no. Most often a calming therapy accompanied by a delicate affective management will give positive results. Sometimes it is true, the pain can be so intense, life so intolerable that the family comes to think that only  death can bring a solution. This reaction is not surprising, for pity is a real feeling, which makes us vulnerable to the suffering of others. But let's think twice. Is not this sentiment also, if not first, an expression of pity towards oneself? We are persuaded that the most genuine compassion accepts the patient as he is, even in decline. For, even at this moment, the patient retains all his value as a human being. That's why we continue to love him and offer him our support, even to the last hours of anguish.

8.  Que souhaite vraiment le malade?

8.  What does the patient really want?

(p. 9-10) Voilà donc nos arguments contre l'euthanasie demandée par la famille. Mais que dire quand la demande émane du malade en personne? N'à-t-il pas le droit de disposer de lui-même? Une personne malade peut avoir le sentiment que sa souffrance est trop vive ou qu'elle le deviendra. Ne peut-elle en ce cas demander qu'il y soit mis fin?

(p. 9-10) These are our arguments against euthanasia demanded by the family. But what can be said when the request comes from the patient in person? Does not he have the right to dispose of himself? A sick person may feel that his or her suffering is too intense or will become so. Can he not then ask for it to be terminated?

Nous aimerions aussi formuler quelques réflexions à propos de ce cas, celui de la demande personnelle d'euthanasie. Mais auparavant nous voudrions nous interroger sur la portée de pareile demande.

We would also like to offer some reflections on this case, the personal demand for euthanasia. But first we would like to ask ourselves about the scope of such a request.

Médecins, personnel paramedical et psychologues, tous nous mettent en garde contre la tentation de prendre les malades au mot. La plupart connaissent en effet, au cours de leur malade, un phase dépressive. A ce moment, il leur arrie d'appeler la mort de leurs voeux. Souvent cet appel doit être interprété comme une protestation contre la douleur, l'angoisse, la solitude; peut-être comme un protestation contre la qualité de vie à l'hôpital ou contre le sentiment de rejet de la part de parents et amis. Parfois aussi, la demande de pouvoir mourir ne traduit que la crainte que les medecins ne veuillent à tout prix le maintenir en vie.

Physicians, paramedical personnel and psychologists all warn us against the temptation to take the patients to their word. Most of patients experience, during the course of sickness, a depressive phase. At this moment, they express their wish for death. Often this call must be interpreted as a protest against pain, anguish, loneliness; perhaps as a protest against the quality of life in the hospital or against the feeling of rejection from relatives and friends. Sometimes, too, the demand for the power to die only reflects the fear that physicians will at all costs want to keep him alive.

(p. 10) N'oublions d'ailleurs pas que la demande d'euthanasie peut être encouragée par l'entourage. La psychologie nous apprend qu'une personne peut projeter sur une autre son propre désir, en l'occurrence celui de mettre fin à une situation lourde à assumer et pour le patient et pour ceux qui l'entourent. Bien des fois, le patient ne répète plus sa demande, des que lui est procuree l'indispensable assistance médicale, sociale et spirituelle.

(p. 10) Let us not forget that the demand for euthanasia can be encouraged by those around. Psychology teaches us that a person can project on his own desire to put an end to a difficult situation for the patient and for those around him. Many times, the patient does not repeat his request, which procured indispensable medical, social and spiritual assistance.

Que dire alors du "testament de vie" où son auteur exprime le souhait de mourir en cas de situation extrême? Pareil document offre-t-il suffisamment de garanties que le souhait sera toujours valable au moment critique? Qui peut prédire si la volonté de rester en vie en sera pas plus forte, précisément en phase terminale?

What then is to be said of the "living will" in which the author expresses the wish to die in extreme situations? Does this document offer sufficient guarantees that the wish will always be valid at the critical moment? Who can predict if the will to stay alive will not be stronger, precisely in the terminal phase?

Et nous n'avons pas encore fait allusion à la situation precaire des médecins. A supposer qu'une loi intervienne en matière d'euthanasie, des tiers seront-ils obligés de participer à cet acte? Un médecin pourrat-t-il être tenu de pratiquer l'euthanasie? Ceci mous paraît à exclure de toute façon. Cela signifierait une grave déviation par rapport à nos traditions éthiques et juridiques. Celui qui est en danger de mort, nous avons à l'aider, non à précipiter son trépas.

And we have not yet alluded to the precarious situation of doctors. Assuming that a law is made to allow euthanasia, will third parties be obliged to participate in this act? Will a doctor be required to practice euthanasia? This seems to be excluded anyway.  It would mean a serious deviation from our ethical and legal traditions. He who is in danger of death, we have to help him, not to precipitate his death

9. Le droit de disposer de soi-même a des limites

 9. The right to self-determination has limits

(p. 10-11) Que faire si quequ'un souhaite vraiment mourir? Dans ce cas, sommes-nous tenus de respecter sa volonté? Nous pensons que non sur base du raisonnement suivant.

(p. 10-11) What if someone wants to die? In that case, are we bound to respect his will? We think not on the basis of the following reasoning.

L'être humain dispose-t-il vraiment de lui de façon pléniere? Le droit supposé de disposer de soi est basé sur une idée abstraite de l'homme, l'idée d'un être isolé, qui, en cette qualité, peut prendre toutes décisions. Or l'homme est toujours en relation avec d'autres hommes. Le malade est toujours un père ou une mère, un fils ou une fille, un neveu, une cousine, une amie, un voisin. Le malade est toujours quelqu'un-pour-autrui. Et précisément ces relations inviolables lui octroient une valeur inaliénable. L'autnomie de la personne humaine n'est donc pas illimitée: ses frontieres sont constituées par ces liens réciproques.

Does the human being truly have an unlimited capacity to dispose of himself? The supposed right to dispose of oneself is based on an abstract idea of man, the idea of an isolated being, who in this capacity can make all decisions. Man is always in contact with other men. The patient is always a father or a mother, a son or a daughter, a nephew, a cousin, a friend, a neighbor. The patient is always someone-for-others. And precisely these inviolable relations give him an inalienable value. The autonomy of the human person is therefore not unlimited: its boundaries are constituted by these reciprocal links.

L'être humain reçoit sa vie comme un don. Il ist invité à la respecter et à l'epanouir comme un bien précieux, depuis son premier éveil dans le sein maternel jusqu'à son terme normal. Tel est le fondement de la dignité humaine. Notre conscience et al conscience commune de l'humanité sont concernées par la solicitude don't il faut entourer les personnes gravement malades. Nous avons à les accompagner avec respect jusqu'au terme de leur vie. L'euthanasie ne peut-être ni permise ne consacrée par une loi.

The human being receives his life as a gift. He is invited to respect and fulfill it as a precious good, from his first awakening in the mother's womb to its normal end. This is the foundation of human dignity. Our consciousness and the common consciousness of humanity are concerned with the solicitude of which we must surround the seriously ill. We have to accompany them with respect until the end of their lives. Euthanasia cannot be permitted or sanctioned by a law.

Il est d'ailleurs stupéfiant de constater quels efforts la société consent pour prévenir le suicide et même pour garder en vie ceux qui ont échoué dans leur tentative de mettre fin à leurs jours, alors que dans le même temps on veut défendre le principe d l'euthanasie. Pourtant dans le cas du suicide, on est beaucoup plus assuré quant aux intentions de l'intéressé.

It is astounding to see what efforts society is making to prevent suicide and even to keep alive those who have failed in their attempt to end their lives, while at the same time they want to defend the principle of euthanasia. Yet in the case of suicide, one is much more assured as to the intentions of the person concerned.

10. La mort, un point culminant de la vie

10.  Death, a culmination of life

(p. 11-12) Dans une existence, le temps de la mort peut être un point culminant, un accomplissement suprême. Bien des gens disent, il est vrai, qu'ils préféreraient mourir de façon soudaine et imprévue. Ils ne souhaitent pas vivre cette heure importante en toute conscience. Probablement redoutent-ils les grands désagréments qui peuvent y être liés. Nouse voulons néanmoins attirer l'attention sur le caractere de plénitude que revêt parfois l'adieu conscient et paisable aux choses et aux personnes. Chaque fois que nous en sommes témoins, nous disons que ce fut une belle mort. C'est le moment où l'être humain met la dernière touche, très personnelle, à son existence, et couronne pour ainsi dire l'oeuvre de sa vie.

(p. 11-12) In one's existence, the time of death can be a culminating point, a supreme achievement. Many people say, it is true, that they would rather die suddenly and unexpectedly. They do not wish to live this important hour in all consciousness. Probably they fear the great inconveniences which may be connected with it. Nevertheless, we wish to draw attention to the character of plenitude sometimes assumed by the conscious and peaceable farewell to things and to persons. Every time we see it, we say it was a great death. It is the moment when the human being puts the last, very personal touch to his existence, and crowns, so to speak, the work of his life.

(p. 12) Pas mal de gens disent aussi combien ils ont été impressionnés et émus par ce qui s'est passe lors du départ serein de proches ou d'amis. Ils y repensent comme à des instants privilegies dans leurs relations avec le défunt. Et de fait ce sont souvent des moments intenses d'échange, d'amitié, de don mutuel. Avons-nous le droit de rendre tout cela impossible?

(p. 12) Quite a few people also say how impressed and moved they were by the serene departure of relatives and friends. They reflect on it as one of the privileged moments in their relations with the deceased. And in fact these are often intense moments of exchange, friendship, mutual giving. Do we have the right to make all this impossible?

11. Appel à ceux qui ont autorité en la matière

11. Appeal to those with authority in the matter

(p. 12) Ce que nous avons dit s'adresse evidemment à tous. Mais nous attirons specialement l'attention de ceux qui dirigent notre pays ou qui on en charge des institutions de soins. Il doit être possible de créer des conditions favorables grâce auxquelles les malades et leurs familles opteront plus facilement pour la vie jusqu'à son terme naturel. Tout effort en ce sens ne peut qu'avoir notre estime et nos encouragements.

(p. 12) What we have said is obviously addressed to all. But we especially draw the attention of those who run our country or in charge of care institutions. It must be possible to create favorable conditions by which patients and their families will more easily choose in favour of life until its natural end. Any effort in this direction can only have our esteem and encouragement.

12. Dépouillier la mort de son caractere de fin absolute

12.  Despoiling death of its character as an absolute end

(p. 12) A l'intention des chrétiens, nous ajoutons quelques réflexions. Dieu nous a créés non pour la mort, mais pour la vie. La mort n'aboutit pas inexorablement au néant. La mort n'est pas un anéantissement. Elle est un passage vers la vie qui trouve son accomplissement dans l'eternité de Dieu. Nous croyons à la résurrection des morts. Nous sommes convaincus que tout de que nous avons vecu de bien et de beau ici-bas, sera assumé dans la vie éternelle. Le bien transcendera ntore histoire terrestre. Il ne disparaîtra pas, il ne sera pas anéanti. Cette conviction fait que les chrétiens ont un devoir important quant à l'accompagnement des mourants. Malgré les durs combats de l'heure derniere, ils veulent aider les mourants à s'abandonner à la grace de Dieu, source d'un au-delà plein d'espérance.

(p. 12) To Christians, we add some reflections. God created us not for death, but for life. Death does not lead inexorably to nothingness. Death is not an annihilation. It is a passage to life which finds its fulfillment in the eternity of God. We believe in the resurrection of the dead. We are convinced that all that we have lived in good and beautiful here below will be assumed in eternal life. The good will transcend all terrestrial history. It will not disappear, it will not be annihilated. This conviction means that Christians have an important duty to accompany the dying. In spite of the hard fights of the past hour, they want to help the dying to surrender themselves to the grace of God, the source of a hopeful beyond.

13. L'accompagnement religieux

13.  Religious accompaniment

(p. 13) Nous voulons soulager, dissiper la douleur et la peine de ceux qui souffrent. Cependant nous savons que jamais nous de pouvons éliminer complètement la souffrance, et, vis-à-vis de celle grands malades, nous nous sentons tellement impuissants. La souffrance s'accompagne souvent de sentiments de désespoir et de révolte; et le malade à tendance à s'isoler dans son propre univers. Nous devons accepter qu'il exprime librement son désarroi, même s'il en vient à se rebeller contre son entourage et contre Dieu. Gardons-nous d'en conclure qu'il refuse désormais d'aimer son prochain ou qu'il veuille rompre avec le Seigneur.

(p. 13)  We want to relieve, to dissipate the sorrow and the pain of those who suffer. However we know that we can never completely eliminate suffering, and, in the company of  the very sick, we feel so powerless. Suffering is often accompanied by feelings of despair and revolt; and the patient tends to isolate himself in his own universe. We must accept that he freely expresses his dismay, even if he comes to rebel against those around him and against God. Let us beware of concluding that he now refuses to love his neighbor or that he wants to break with the Lord.

Nous pouvons aider la la personne désespérée a surmonter ses mouvements de révolte. Parfois, il nous est possible de faire allusion à tous les beaux moments qu'elle a connus, à la bonté qu'elle a témoignée à d'autres. Parfois, elle trouvera de la consolation dans la tenresse tangible de ceux qui l'entourent. Ou encore, elle puisera force et courage dans sa solidarité avec tous ceux et celles que souffrent comme elle.

We can help the desperate person overcome his rebellious inclinations. Sometimes it is possible for us to allude to all the beautiful moments she has known, to the kindness she has shown to others. Sometimes she will find consolation in the tangible tenderness of those around her. Or, she will draw strength and courage in her solidarity with all those who suffer like her.

Il nous est bon enfin de fair réference à notre Seigneur Jésus. Jésus a accepté sa passion et sa mort. Il n'a pas hai ses meurtriers, Il a pardonné leur crime. Ses terribles tourments sur la croix lui arrachent ce cri: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné?" Même alors, ses pensées vont à son Père et aux hommes. Il s'inquiète de sa mère, de ses disciples, de ses compagnons de supplice, de ses accusateurs et de ses borreaux. Il rend l'âme tourne vers Dieu qui L'a apparemment abandonné: "Père, entre tes mains je remets mon esprit." Cette attitude d'abnégation et d'ouvverture confère unde dignité humaine à une mort inhumaine. Jésus reste un homme ouvert à Dieu a ses semblables.

Finally, it is good for us to make a reference to our Lord Jesus. Jesus accepted his passion and death. He did not hate his murderers, He forgave their crime. His terrible torments on the cross tore from him the cry: "My God, my God, why have you forsaken me?" Even then, his thoughts go to his Father and to men. He is concerned for his mother, his disciples, his companions in torture, his accusers, and his executioners. He makes the soul turn to God who has apparently abandoned him: "Father, into your hands I return my spirit." This attitude of abnegation and openness confers the dignity of humanity to an inhuman death. Jesus remains a man open to God and his fellow men.

(p. 13-14) Beaucoup de prêtres et d'autres fidèles exercent un accompagnement pastoral dans les hôpitaux et autres maisons de repos ou de soins, ainsi qu'auprès de malades à domicile. Nous tenons à exprimer ici notre admiration particulière pur leur action. Nous voulons souligner l'importance de leur mission auprès des malades et des mourants. Ils leur sont particulièrement proches et les préparent au dernier acte de leur existence ici-bas. Ils leur découvrent la paix eternelle. Ils prient avec eux et pur eux. Ils soutiennent leur foi.

(p. 13-14) Many priests and other faithful perform pastoral care in hospitals and other nursing homes, as well as in the home. We wish to express here our special admiration for their action. We want to emphasize the importance of their mission to the sick and the dying. They are particularly close to them and prepare them for the last act of their existence here below. They help them find eternal peace. They pray with them and purify them. They support their faith.

(p. 14) Durant les dernièrs semaines de leur vie terrestre, bien des malades connaissent une importante évolution spirituelle. C'est une réelle grace pour eux grand, dans le sacrement du pardon, ils se réconcilient avec Dieu, avec eux-mêmes, avec leur entourage et, finalement, avec l'humanité entière. Le pardon est source de sérénité. Un autre moment fort est celui de leur communion au Pain de la vie éternelle. L'eucharistie est un événement d'espérance sur le chemin de l'audelà. le sacrement des malades, restauré aujourd'hui dans sa pleine signification, parle de la présence miséricordieuse de Dieu. Enfin, les prières avec les mourants et pour eux peuvent être aussi source de réconfort.

(p. 14) During the last weeks of their earthly life, many patients experience an important spiritual evolution. It is a really great grace for them, in the sacrament of forgiveness, they reconcile themselves with God, with themselves, with those around them and ultimately with all mankind. Forgiveness is a source of serenity. Another moment is their communion in the Bread of eternal life. The Eucharist is an event of hope on the way to the hereafter. The sacrament of the sick, restored today in its full meaning, speaks of the merciful presence of God. Finally, prayers with the dying and for them can also be a source of comfort.

14. En conclusion

14.  In conclusion

(p. 14) Dans la présente lettre, nous avons essayé d'attiere l'attention sur le sens de la phase terminale de notre existence sur terre. Nous appelons chacun non seulement à assister fraternellement tous les malades gravement atteints, mais aussi à tout metre en oeuvre pour que soit vécu dignement le terme de la vie humaine ici-bas. Nous exhortons enfin chacun à méditer sur la manière don lui-même fera place à la réalité de la mort dans sa propre existence.

(p. 14) In this letter we have tried to draw attention to the meaning of the terminal phase of our existence on earth.  We call each of us not only to fraternally assist all seriously ill patients, but also to do everything we can to ensure that the term of human life on earth is lived with dignity. Finally, we exhort everyone to meditate on how to integrate for themselves the reality of death in their own existence.